Interview réalisée avec M. Paul-Maixent Deveugle.
CCES. Depuis quand avez-vous repris l’entreprise SOPTOL ?
Nous avons repris l’entreprise le 1er janvier 2020, trois mois avant le premier confinement. La prise de connaissance n’a pas été évidente.
CCES. D’où venez-vous ? Étiez-vous du métier ?
Mon frère et moi sommes à moitié lillois et à moitié de Montdidier. Nous
avons grandi à Lille. Pierre-Henri est ingénieur et je suis issu d’une école
de commerce. Nous avons travaillé ensemble à la direction d’entreprises
pendant 8 ans. Ayant aimé travailler à deux et redresser les sociétés gérées,
nous avons donc souhaité avoir notre propre histoire, à deux.
CCES. Quelles ont été vos motivations ? Pour l’entreprise, pour le territoire ?
Nous voulions reprendre une entreprise industrielle, idéalement dans l’acier, avec un peu de personnel, un potentiel de développement, une entreprise active et dynamique. SOPTOL répondait à tous ces critères.
Cette activité correspond parfaitement aux compétences techniques de mon
frère. La santé de l’entreprise et son dynamisme nous ont immédiatement
conquis. Notre premier échange avec M. Orier, le propriétaire cédant, a été
déterminant dans notre décision. À cet instant, sans même avoir vu
l’entreprise, nous étions convaincus qu’il s’agissait du bon choix. Reprendre
une entreprise, c’est avant tout une rencontre, et il doit se créer une
alchimie entre le repreneur et le cédant, c’est ce qui s’est passé entre nous.
Pour ce qui est du territoire, nous le connaissions un peu. Des amis de la famille habitent Ham, nous avons pu échanger avec eux et venir à plusieurs reprises. Nous avons pu nous imprégner de l’environnement et du dynamisme local actuel, mais aussi envisager le futur. Tous les deux chasseurs et pêcheurs, nous sommes plus campagnards que citadins et
l’Est de la Somme nous offre de beaux atouts. Nous nous y plaisons et nous
y projetons. Nous sommes d’ailleurs aujourd’hui tous les deux installés sur
le secteur, à moins de 15 minutes de Ham.
CCES. Comment avez-vous été accueillis sur place ? Avez-vous pu être aidés ? Quelles ont été les approches avec les entreprises locales ?
La reprise a été compliquée, mais cela n’a rien à voir avec l’environnement
local. Deux mois après notre prise de fonction, est arrivé le premier
confinement strict, il a fallu réinventer le travail pour l’entreprise et le
personnel que nous ne connaissions pas. Gérer le personnel à risque, les contraintes sanitaires, en même temps que les commandes. La prise en main de l’entreprise a été un véritable défi. Nous avons rencontré certains salariés au bout de quatre mois. Au moment où nous pensions plutôt nous consacrer à la reprise et à la vie de l’entreprise, il a fallu rédiger un protocole sanitaire. S’adapter fait partie de la vie d’un dirigeant d’entreprise. Dès le départ, et dans le contexte sanitaire, nous avons été très soutenus et accompagnés par la mairie, la Communauté de Communes et la Région.
Pour le recrutement, nous recherchons des soudeurs. Pour cette recherche, nous sommes en lien avec Pôle emploi de Ham pour la mise en place d’une MRS (méthode de recrutement par simulation). Les relations avec les entreprises locales se sont développées au fur et à mesure du temps, au gré des besoins et des occasions, mais surtout des rencontres personnelles. Nous nous plaisons, ici. Tout se passe très bien. Nos clients sont essentiellement locaux. Quelques-uns sont de Lille ou encore de Paris.
Nous avons eu la chance d’être aidés, accompagnés et soutenus, depuis le
début, par monsieur Orier. Il a été d’un grand secours, et passe parfois encore nous rendre visite.
CCES. Comment voyez-vous l’avenir ?
Nous prenons nos marques dans cette nouvelle aventure. M. Orier a su investir au bon moment pour la modernisation de matériel. Ces investissements, notamment le robot soudeur, nous ouvrent des marchés
attrayants et de belles perspectives. Nous nous sommes pleinement
approprié ces outils de production qui contribuent au développement de l’entreprise.
À l’avenir, nous allons continuer dans cette dynamique, en y apportant notre empreinte.
En parallèle, nous souhaitons poursuivre notre investissement dans la vie locale. Nous avons signé une convention avec le lycée Peltier pour donner la priorité aux jeunes de leur établissement dans notre entreprise pour leurs stages. Pierre-Henri donnera un cours qui permettra la découverte du robot de soudure et participera aux oraux des examens de fin d’année.
Fervents défenseurs de l’apprentissage, nous poursuivons aussi notre implication, et avons actuellement trois apprentis, venant de Proméo, l’un aura fini cet été, et un autre arrive à la rentrée. D’autre part, le lycée Peltier étant en train de monter une section alternance, nous rencontrons deux élèves cette semaine. On verra ce que ça donne.
En outre, nous organisons des visites de l’entreprise pour les lycéens et/ou
les collégiens. Dans deux semaines, nous accueillerons un jeune homme,
du lycée Condorcet de Saint-Quentin.
Comme le faisait monsieur Orier nous apportons notre soutien aux
associations locales en sponsorisant des événements ou en fournissant du
matériel, comme par exemple pour l’association des Amis du Château,
Butterfly ou encore pour les pompiers.
Nous participons de manière active lors de leurs évènements.
Pour finir, si je peux insister, cette reprise, ça a vraiment et surtout été
une rencontre, celle de M. Orier, sans qui rien n’aurait pu se faire aussi bien.
La mairie de Ham et la Communauté de Communes ont beaucoup de chance de l’avoir !